Suicide. Plongée au cœur d’un chat de prévention

Nous entrons dans une troisième année de crise sanitaire et les signaux d’alerte autour des syndromes dépressifs n’en finissent pas de s’allumer. Particulièrement en hausse chez nos seniors et nos jeunes de 14 à 24 ans.

En France, le suicide est la seconde cause de mortalité des 15/24 ans et leur nombre, l’un des plus élevés d’Europe.

Lorsque que l’on sait que la moitié de ceux qui ont des pensées suicidaires déclarent n’en avoir jamais parlé à des proches, on imagine sans peine le rôle immense de la prévention par l’écoute.

Le suicide est un fléau.

La prévention du suicide est un problème de santé publique. 

Nous, S.O.S Amitié, sommes des sentinelles de premier rang par notre écoute. Depuis 60 ans, nous accueillons les paroles de souffrance, de solitude, les pensées et parfois les actes suicidaires.

Très soucieux d’offrir une relation attractive et accessible aux jeunes,   S.O.S Amitié a complété son dispositif d’écoute téléphonique par le mail et le chat dès 2005.

Le bilan est éloquent.

La génération Z privilégie le Chat

Aujourd’hui, la génération Z représente plus de 70% des appelants sur le net. La fréquentation du chat a bondi de plus de 30% en 2020. Une véritable détresse s’est exprimée au sein de la jeunesse et la formulation des pensées suicidaires y est en forte augmentation.

Le chat s’avère une réponse pertinente et sensible

Téléphone, ordinateur, tablette : le chat peut être pratiqué partout.

L’échange par chat est souvent assez long car il est tributaire d’un clavier et du temps de l’écriture.

C’est fréquemment un échange assez formel. Il met d’entrée une distance sociale qui, paradoxalement, aide à instaurer une situation d’interaction propice à la confidence. La plupart du temps on se vouvoie, on est familier sans être grossier. L’amorce de la conversation, plutôt directe, aborde souvent d’entrée la raison de l’appel.

POUR L’APPELANT, le chat permet d’exprimer sa souffrance de façon anonyme, synchrone et à distance. On est deux, on est proches, on a un interlocuteur mais il est virtuel. C’est une histoire sans parole mais un vrai lien. Écrire permet de franchir le pas. L’absence de voix rassure. On se sent en sécurité.

POUR L’ÉCOUTANT, ce peut être plus complexe. L’intonation, source d’empathie, manque. Sans la voix, comment adoucir une parole qui pourrait sonner critique ? Et pourtant, par sa « mise en mots » formelle et distante, l’écoutant va accueillir la parole et créer les conditions bienveillantes, apaisantes et favorables à la confidence intime et au récit sensible du mal-être.

Nous sommes 1700 écoutants.  200 d’entre nous sont des chatteurs. Ils œuvrent chaque jour de 13h à 3h du matin. Leur écoute spécifique permet à S.O.S Amitié de déployer son action et ainsi donner la parole un public jeune pour l’aider à rompre le mur du silence.

Cet article est essentiellement issu des travaux réalisés avec S.O.S Amitié, sous l’autorité de Madame Gudrun Ledegen, Professeure des Universités, Enseignante-Chercheuse en sciences du Langage-sociolinguistique.

Notre écoute Chat est ouverte 7j/7 de 13h à 3h