Parole d’écoutante

Ecoutante SOS Amitié

Depuis 2007, je suis écoutante bénévole chez S.O.S Amitié à Boulogne.

Si je remonte le fil de ma vie, je peux dire que je suis devenue médecin et me suis engagée dans le bénévolat par esprit de révolte. 

Un bon petit esprit de révolte suffisamment pénible, pour que mes parents décident de m’envoyer me calmer en pension et y faire ma terminale.

Là une chance m’attendait. Oui une grande chance, de celles qui font bifurquer le destin. Cette chance, ce pilier, c’est l’amitié de trois amies, pensionnaires comme moi, dont le bagage de valeurs, et le refus des inégalités, était proche du mien.

Cette amitié indéfectible, inspirante et enthousiaste a soulevé des montagnes qui jusque-là me semblaient immuables. Elles m’ont écoutée, alors je me suis écoutée. Elles m’ont fait confiance, alors je me suis fait confiance. Et je suis devenue médecin.

L’exercice de la médecine du Travail vous confronte, chaque jour, à la diversité et aux grandes inégalités de chance.

A chacun sa différence. A partir de là, ma feuille de route professionnelle était écrite. L’écoute de chaque patient serait décisive au regard de mon savoir.

Jeune médecin, jeune maman, j’ai voulu m’engager dans l’action bénévole. J’ai d’abord souhaité devenir visiteuse de prison.

Les autorités compétentes, n’ont pas du tout partagé mon souhait, jugeant « un manque de maturité problématique pour ce type d’engagement ».

Une amie m’a alors parlé de S.O.S Amitié.

L’idée d’une action bénévole basée sur l’écoute de l’autre a résonné en moi comme un double écho. 

Je connaissais les bienfaits de l’écoute, moi, qui ai pris ma vie en mains le jour où je me suis sentie écoutée avec bienveillance.

Et c’était l’occasion d’un peu de réciprocité, alors que je me sens si redevable de ma chance au regard des inégalités et du mal être insupportable de trop nombreux d’entre nous.

Depuis près de 20 ans, mes écoutes me mettent en lien avec des mondes que je ne côtoie pas, avec des femmes et des hommes que je ne connais pas.

Grâce à S.O.S Amitié, ils peuvent déposer leur souffrance et libérer leur parole. Alors, un temps, avec eux, je me sens partie prenante de cette humanité et de ses différences.  Je me sens plus humaine. Je me sens mieux avec moi-même.

C’est une chance de pouvoir le faire. C’est une chance de ne pas passer à côté de cette chance.

Catherine.
Écoutante bénévole à Boulogne.